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Purge de tabac
Classé au sommet de la médecine végétale au Pérou, le tabac est une plante médicinale sacrée, utilisée dans les traditions de purification du corps, de l’âme et de l’esprit. Cependant, la culture moderne en a détourné l’usage authentique en exploitant ses effets pour alimenter un marché lucratif. Transformé et mélangé à des substances toxiques, le tabac est devenu dangereux et addictif sous forme de cigarette, enrichissant les géants industriels et les gouvernements sous couvert de taxation dissuasive.
Ces dérives symbolisent une société en quête de compensation, cherchant à combler ses manques affectifs et à fuir la réalité, transformant ainsi des plantes sacrées en produits destructeurs.
Dans sa fonction originelle, le tabac agit comme un médiateur entre le monde des vivants et celui des esprits. Lors de rituels chamaniques, comme ceux de l’ayahuasca, il est parfois fumé ou ajouté à la décoction pour renforcer ses qualités curatives. Il est souvent proposé en tant que « purge » au début d’une retraite, particulièrement pour ceux nécessitant une approche plus douce que l’ayarpanga (plante traditionnelle purgative). Bien que son effet soit intense, il est purgatif : une fois la décoction ingérée, le tabac agit d’abord comme un poison pour être ensuite régurgité, initiant un travail énergétique subtil qui fait remonter des mémoires enfouies ou des blocages actuels.
Cette purge est perçue comme une entité masculine, « Grand-Père Tabac », guidée par un chamane ou curandero, souvent appelé aussi tabaquero, pour mener à bien le processus de libération.
La purge au jus de tabac est puissante car elle est vomitive, brûle les toxines, désamorce le côté destructeur qui, mis en lumière déloge la négativité du mental.
Les Autochtones disent souvent que « la tabagie conduit à la mort, alors que le jus de tabac conduit à la vie. » Dans l’esprit contemporain, le tabac est généralement associé à la cigarette et à la maladie, mais la véritable utilisation de cette plante sacrée, non transformée, invite à en redécouvrir les vertus thérapeutiques.
Dans la tradition amazonienne, le tabac fait partie des Solanacées, aux côtés de plantes comme la pomme de terre et l’aubergine, et est considéré comme une entité vivante. Son élément symbolique est le Feu, et il « brûle les toxines » par son feu purificateur. Ce pouvoir de purification s’étend aux intoxications physiques et mentales, en dissipant les pensées parasites et conditionnements liés au passé.
Fumer le tabac de manière dépendante transforme ce Feu en un Feu destructeur. À l’inverse, la purge de tabac libère l’ego des croyances et conditionnements, offrant un retour à une compréhension plus neutre et équilibrée de soi. Dans les traditions anciennes, fumer le calumet de la paix permettait de relativiser les conflits d’ego et de favoriser le discernement. Ce processus visait la réconciliation, guidée par une médecine respectée et impartiale.
Ingerer le jus de tabac en rituel dynamise son effet, ancrant profondément l’expérience de purification. Ce processus, proche de la notion de « purgatoire », invite à remonter à la source de nos blocages pour trouver la clé de compréhension et de guérison intérieure.
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